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Robert Urbé - Eclairer et nourrir le débat public sur la pauvreté et les inégalités sociales

Vendredi 9 juillet 2021

Caritas Luxembourg vient de publier le 15ème et dernier numéro de son Almanach social sous cette forme. Retour sur cette publication avec son coordinateur, Robert Urbé.

Comment est née l’idée de lancer un Almanach social ?

Il y a trois facteurs qui ont joué. D’abord, le fait que j’ai toujours aimé rédiger des avis sur la politique et faire des propositions pour améliorer la situation des personnes, cela avant même d’arriver chez Caritas Luxembourg. En 2005, avec la Présidence Luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, nous avions créé chez Caritas Luxembourg une petite cellule pour suivre les travaux de la Présidence dans certaines thématiques et pour en informer ensuite les autres Caritas nationales. Nous nous sommes intéressés en particulier aux questions de migration, à la situation au Kosovo et aux objectifs de Barcelone en matière du développement de l’accueil de la petite enfance. C’était le début d’une cellule dédiée à la recherche et au développement. Un autre facteur a été que nous avons vu chez nos collègues suisses ce que la publication d’un almanach social pouvait apporter en termes d’espace de parole et d’écoute. Caritas Suisse publie un tel almanach depuis 99 et l’ont même décliné pour la coopération internationale. Enfin, notre président de l’époque, Erny Gillen, a insisté pour que quelque chose soit mis en place pour appuyer le débat sur les questions sociales au Luxembourg. L’équipe rédactionnelle s’est donc réunie pour la première fois en été/automne 2006 et le premier Almanach social est sorti en avril 2007 sur le thème de la justice sociale.

Est-ce qu’au bout de 15 ans, on peut dire que l’Almanach social a eu un impact ?

Je pense que oui. Bien sûr, je ne suis pas dupe et je sais que rares sont les personnes qui lisent l’Almanach social de A à Z. Mais, je suis certain que les nombreuses personnalités (politiques, fonctionnaires, représentants, etc.) qui le reçoivent y jettent un coup d’œil, lisent les articles qui leur paraissent pertinents pour leur domaine d’action et s’en inspirent pour leur travail. Ce qui me permet de le croire ce sont non seulement les références qui sont faites aux articles de l’Almanach social et le nombre de fois que l’Almanach social est cité à la Chambre de Députés, mais aussi et surtout le fait que nombreuses sont les idées qui y sont exposées et qui sont effectivement mises en œuvre quelques années plus tard. Bien sûr, l’Almanach social est alors rarement cité, mais ce n’est pas important car l’objectif est que les personnes s’approprient les idées qui y sont contenues. Un autre mérite de l’Almanach social, constaté voilà quelques années par quelqu’un qui a lui-même exercé diverses fonctions dans l'arène socio-politique luxembourgeoise, est tout simplement d’avoir remis le thème de la pauvreté et des inégalités sociales à l’ordre du jour, dans un pays connu pour être l'un des pays les plus riches au monde et où longtemps on niait cette problématique. Je pense que sur ce point Caritas Luxembourg a réussi.

Qu’est-ce qui vous a plu et moins plu dans la réalisation du Sozialalmanach ?

Quand on travaille sur une publication comme l’almanach social, il y a toujours des moments plus stressants comme, par exemple, quand des auteurs qui vous avaient promis une contribution renoncent et qu’il faut trouver un remplaçant en dernière minute ou quand les imprimeurs doutent de pouvoir livrer à temps. En même temps, il y a aussi des moments où je suis positivement surpris, par exemple, quand des personnalités internationales de haut niveau, comme Ursula von der Leyen ou Ángel Gurría, vous envoient leur contribution à temps, voire même à l’avance, alors que vous pensiez qu’elles n’y arriveraient peut-être pas aux vues de leur agenda serré.

Est-ce qu’il y a des contributions qui vous ont particulièrement marquées ?

Oui, il y en a. Par contre, je ne pourrais pas vous les citer comme cela. Il faudrait déjà que je prenne en revue les 15 éditions. Dans l’almanach de cette année, par exemple, c’est la contribution de Norbert Campagna qui m’a le plus touché. Elle semble, aux premiers abords, anodine, mais au fond elle dit quelque chose de très important pour notre société. Cela ressort déjà de son titre : de l’individu au sujet !

Pourquoi changer de concept pour les prochaines années ?

J’arrive à un âge où il est temps de profiter un peu de la retraite, de m’occuper de ma famille, de voyager, de lire, de consacrer du temps à mon hobby, la pétanque (sourires !) etc.. La relève est là, plus jeune, avec de nouvelles idées. Il faut lui donner sa chance. Pour moi, l’important est que l’on continue à parler de la pauvreté et des inégalités sociales au Luxembourg et à enrichir le débat avec de nouvelles pistes.

Quel bilan tirez-vous des trente années passées chez Caritas Luxembourg ?

Je dois dire que je n’ai que des souvenirs positifs de toutes ces années. C’est peut-être parce que j’ai toujours suivi le conseil qu’un pédagogue rencontré par hasard dans un train m’avait donné. A l’époque, je n’avais même pas vingt ans. Il m’avait conseillé de toujours bien faire ce que je trouve important ou sinon de laisser tomber. C’est une maxime que je suis depuis plus de 50 ans.

Je pense avoir réussi à donner à Caritas Luxembourg et à toutes les personnes qu’elle accompagne dans ses différents services une certaine voix dans la société, une voix qu’elles n’avaient pas avant. Une des raisons pour cela a certainement été le fait de ne jamais être entré dans la polémique et de toujours être resté neutre envers les différents partis politiques, mais aussi et surtout d’avoir pu m’appuyer sur l’expérience du terrain des nombreux collaborateurs dans les services de Caritas Luxembourg et sur des données factuelles. Aujourd’hui, Caritas Luxembourg est écoutée parce qu’elle a quelque chose à dire.

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