François Nzabahimana - Homme d'expérience et acteur sur le terrain
Vendredi 23 novembre 2018
Trois mois dans le Soudan du Sud puis trois semaines au Luxembourg. C'est le rythme que s'est imposé François Nzabahimana. Il gère ou encore met en musique de grands projets de développement agricole assortis d'une nouvelle cohésion sociale entre toutes celles et ceux qui y participent dans une dizaine de villages.
Les voies du destin sont impénétrables et ce n'est certainement pas François qui dira le contraire. Il a vu le jour en 1955 au Rwanda. Elève doué, il gravit sans difficulté les échelons de l'école primaire, le lycée, avant de se lancer dans un cursus universitaire tourné vers les sciences économiques et sociales. Son objectif est de prendre en charge la gestion d'une micro ou d'une macro entreprise. Il est alors très présent dans le milieu associatif, participe au financement de coopératives agricoles, s'intéresse de très près à l'organisation paysanne et pose une réflexion bien déterminée sur la transformation des produits agricoles et leur mise sur le marché via les coopératives.
Après huit ans au Centre de Formation et de Recherche Coopérative – Iwacu ; et après avoir organisé le premier congrès des fermiers et réalisé un film sur la famine au Rwanda ; François sera appelé à siéger au sein d'un gouvernement dont il sera ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs. A l'issue de sa carrière au sein de l'exécutif, il se retrouve nommé directeur de l'Union des banques populaires du Rwanda. Sa voie semble toute tracée mais le génocide qui ensanglante son pays en décide autrement. François et sa famille prennent le chemin de l'exil. Ils trouvent refuge à Bruxelles en avril 1994. Peu après, François est nommé directeur financier d'une ONG engagée dans le développement rural. Et quand notre homme apprend en 2012 que Caritas Luxembourg est à la recherche d'un chef de mission pour un projet à long terme en Afrique, il se fait connaître et de nouvelles responsabilités lui sont confiées. Elles portent sur un projet de développement dans le Soudan du Sud, et plus précisément dans la région baptisée Equatoria orientale. Celle-ci a comme voisin l'Ethiopie, le Kenya et l'Ouganda.
Contrairement à la capitale, Djouba, où de violents affrontements avaient eu lieu notamment en 2013 et en 2016, l'Equatoria orientale vit plus paisiblement. Mais mal. La malnutrition, les carences alimentaires font partie du lot quotidien pour une bonne partie de la population.
Former des formateurs qui en formeront d'autres
Après avoir effectué une action dans l'urgence avec des distributions de vivres et de semences, après avoir financé la construction de quelque 400 cases dans des matériaux locaux (murs en bois et toit de chaume) dans une dizaine de villages, Caritas Luxembourg s'inscrit dans le concept de développement durable. Au fil du temps, ce projet, dont les bases avaient été jetées en 2007, a pris de l'envergure. Rudimentaires et reposant sur la monoculture, les pratiques agricoles ont fait l'objet d'une refonte. Pour parvenir au changement de mentalité, il a fallu dans un premier temps former des communautés de jeunes ; appelés vulgarisateurs agricoles ; qui, à leur tour, ont fait passer le message à d'autres. C'est une vraie réussite qui consiste à associer communauté qui s'est soudée au fil des années à en croire François qui a encouragé la plantation de radis, d'aubergines, de bananes, de sorgho, d'anciennes céréales locales comme le millet ou encore de riz de montagne, de soja, de sésame ou de différents types de lentilles.
Des groupes de femmes ont été organisées 12 villages. Avec l’appui de Caritas Luxembourg elles contribuent à combattre la malnutrition par l’éducation des mamans et la production de farine pour produire du porridge pour les enfants malnutries : Ce groupe d’une cinquantes de femmes participent également aux autres activités agricoles et d’élevage du projet.
Reste encore plusieurs étapes à franchir comme celle dite du « mix farming » qui consiste à associer la production de l'agriculture à l'élevage. Reste encore à passer par le stade de la transformation de ces mêmes produits de la terre pour en faire des graines, de la semoule, de la farine ou encore du fourrage destiné à l'alimentation animale.
Parce que le projet de Caritas Luxembourg se trouve à un grand tournant et qu'il s'agit de le suivre au plus près, depuis 2015, François réside chaque trois mois au Soudan. C’est pourtant un vrai parcours du combattant que de rejoindre son domicile. Son parcours dure trois jours. Il quitte Luxembourg pour Bruxelles, son avion passe ensuite par Amsterdam d'où il s'envole pour Nairobi avant de se poser à Djouba. De là, un avion taxi-brousse l'achemine à Torit, son lieu de résidence où il a passé la première année sous une toile de tente. Pas de quoi lui briser le moral. Le jeu en vaut la chandelle, affirme-t-il avec beaucoup de conviction.
Il y encore un autre enjeu de taille à relever : faire face à la désertification forestière. Face une déforestation croissante, en 2018 François a distribué 10.000 plants d’arbres. Le rêve est de planter 100.000 arbres en 2019 et 2020. Mais il se heurte à une croyance populaire voulant que les arbres poussent tout seul alors qu'il imagine des plantations donnant des mangues, des oranges ou des avocats, etc. Mais ça c'est une autre histoire!
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