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Marc Crochet - Fier d'aider

Jeudi 11 mars 2021

Marc Crochet vient de prendre ses fonctions de directeur général de Caritas Luxembourg le 15 février dernier. Interview avec cet homme qui n’est pas un novice du travail social au Luxembourg.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre professionnellement la Caritas Luxembourg ?

J’ai travaillé pendant 27 ans pour la Croix-Rouge luxembourgeoise. Ceux qui me connaissent savent que je m’y suis donné à fond et que j’ai été de toutes les batailles. Depuis le début de ma carrière professionnelle, et même avant, à l’âge de seize ans quand j’ai choisi de m’engager comme bénévole, j’ai ressenti le besoin de me rendre utile, privilégié les choses qui ont du sens. La Croix-Rouge luxembourgeoise et Caritas Luxembourg, vous savez, sont très proches dans leur travail social: nous nous engageons pour les mêmes personnes, nous appliquons les mêmes méthodes de travail, et nous abordons notre public cible avec la même bienveillance et sans préjugés. Mais alors que le « quoi », le « qui » et le « comment » se ressemblent comme deux goûtes d’eau, c’est le « pourquoi » qui introduit une nuance. A la Croix-Rouge luxembourgeoise, organisation humaniste par excellence, ma motivation première était d’aider mes semblables. Chez Caritas Luxembourg, il y a, à côté de cette dimension « horizontale », une dimension en plus. L’organisation réunit des hommes et des femmes qui sont habités par la conviction de servir un dessein plus grand que l’ambition individuelle.  Au fur et à mesure des années, cette dimension « verticale » est devenue de plus en plus importante pour moi. Voilà sans doute l’une des raisons qui m’a décidé à rejoindre l’organisation. 

Mais il y a une autre raison, très personnelle, qui a contribué à ma décision. Il s’agit d’un élément de mon histoire familiale. Mon grand-père, Lucien Huss, a toujours été mon modèle de vie. A côté de ses nombreux engagements bénévoles, entre autres en faveur de l’intégration de la communauté portugaise dans notre pays (voir note bas de page), mon grand-père a été administrateur de Caritas Luxembourg dans les années 1970 et ’80. Je crois qu’il serait fier aujourd’hui, de me voir rejoindre cette organisation qui a beaucoup compté pour lui. Et moi, ça me rend fier de continuer à me battre pour les causes qui étaient les siennes…

Enfin, une dernière raison est que Caritas Luxembourg avait absolument besoin d’un directeur général, après les moments difficiles qu’elle avait passés, notamment avec le décès de son directeur, Andreas Vogt. C’est très motivant de savoir qu’on a besoin de vous et que vous avez le bon profil pour aider.

Quelles sont vos priorités ?

J’ai toujours considéré qu’une priorité pour une association comme la nôtre était de mettre les jeunes au centre de ses préoccupations. Il faut que nous leur soyons non seulement des modèles qu’ils aient envie de suivre, mais aussi que nous leur donnions la possibilité d’apporter leur pierre à l’édifice. C’est dans ce sens que je m’étais engagé à structurer la Croix-Rouge de la Jeunesse dans les années 1990. Et c’est dans le même état d’esprit, et dans le but de préparer l’avenir de notre organisation, que j’aimerais donner tout mon appui à « Young Caritas ».

Une autre priorité pour moi ce sont les personnes marginalisées. Il n’est pas tolérable dans un pays aussi riche que le nôtre que des personnes soient obligés à vivre dans la rue et que nous ne soyons pas à même de leur proposer une alternative. Le principe du « Housing First » est pour moi une piste. Il est plus facile de travailler sur les différents problèmes des personnes si elles ne doivent pas se préoccuper tous les jours à trouver un refuge pour la nuit. Certains diront qu’une grande partie d’entre elles ne veulent pas se faire aider. Moi, je pense que c’est alors notre mission de trouver les bons moyens pour les convaincre. Il faut absolument faire quelque chose de plus. Il faut innover et nous engager sur de nouvelles pistes. Les personnes avec de nouvelles idées sont les bienvenues à la Caritas!

Enfin, pour régler le problème du sans-abrisme, il faut qu’il y ait suffisamment de logements pour tout monde ; d’où l’importance de nous investir encore davantage dans le logement social.

Est-ce qu’il y a un message que vous souhaitez donner aux parties prenantes de Caritas Luxembourg ?

J’ai plutôt une histoire à leur raconter. 

A l’âge de 16 ans, j’ai été engagé par la Croix-Rouge luxembourgeoise pour sa quête annuelle. Avec un ami du lycée, nous avions en charge le quartier du Pfaffenthal. A l’époque, c’était l’un des quartiers les plus pauvres de la Ville de Luxembourg. Très vite, nous sommes interrogés s’il était bien de venir demander des dons dans ce quartier, alors qu’il était manifeste que les gens qui y vivaient étaient nombreux à avoir du mal à joindre les bouts.  Nous n’osions pas trop. Nous avons quand-même décidé de sonner aux premières portes. C’est alors, à la rue Laurent Ménager, que j’ai reçu ma première leçon de vie. La dame qui nous a ouvert vivait dans un véritable taudis. Elle nous a fait entrer dans sa cuisine et a commencé à faire tous les tiroirs pour en extraire quelques pièces qu’elle nous a tendues en s’excusant de ne pas pouvoir en faire plus. Gêné, je lui ai dit qu’elle pouvait les garder, qu’elle en avait sûrement besoin. Elle m’a répondu qu’il y a des personnes qui sont encore plus dans le besoin qu’elle et qu’elle était contente de pouvoir aider. C’est ce jour-là que j’ai appris ce qu’est la fierté. Et j’ai appris à apprécier le geste du don, quel qu’en soit le montant.

J’aimerais que les parties prenantes de Caritas Luxembourg sachent que nous faisons tout pour qu’elles soient fières de contribuer à nos actions et ainsi à l’amélioration des personnes qui sont dans le besoin.

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Note: Lucien Huss (*1907, +1998) a été, avec Carlos de Pina, cofondateur de l’association « Amitiés Portugal-Luxembourg », association qui a e.a. contribué à la mise-en-place du pèlerinage de la communauté portugaise au sanctuaire de Notre-Dame de Fatima sur les hauteurs de Wiltz et qui rassemble aujourd’hui, chaque année, près de 20.000 fidèles. Il est également connu pour avoir été « le père spirituel » du journal Contacto, lancé en 1987. 

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