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Yves Schmidt: "Mon métier c’est d’aider les gens"

Vendredi 14 octobre 2022

Fin septembre, Yves Schmidt a terminé sa carrière après 25 ans passés au service des réfugiés. Retour sur son long et beau parcours entièrement dédiée aux autres.

Quel est ton métier à la base et pourquoi l’avoir choisi ?

Mon métier est d’aider les gens. C’est une disposition que nous avons tous dans ma famille. Mes parents aussi aimaient aider les personnes en difficulté. Du coup, j’ai décidé d’en faire mon métier. J’étais très tôt convaincu que le métier d’éducateur gradué était fait pour moi. J’ai rajouté à ces études deux années en management.

Quel a été ton parcours professionnel, en général, et chez Caritas Luxembourg, en particulier ?

J’ai travaillé pendant 10 ans dans le domaine du sans-abrisme. J’ai géré en France ce que l’on appelle une structure éclatée pour des jeunes sans-abri. Cette expérience a été très formatrice, mais aussi, avec le temps, très usante. J’ai été confronté sur le terrain à tous les désastres sociaux : drogues, violence, prostitution, etc. Au bout de dix ans, il était nécessaire pour moi de changer d’orientation et de public.

L’offre de Caritas Luxembourg est tombée à pic. En janvier 1998, j’ai intégré le service réfugiés, qui était à l’époque encore une très petite structure, mais qui se préoccupait déjà de l’accueil des réfugiés au Luxembourg. J’étais entre autre chargé de mettre en place et développer des projets européens pour encadrer des jeunes hommes adultes qui fuyaient la guerre au Kosovo. A l’époque, nombreuses étaient d’ailleurs les personnes qui fuyaient cette région en guerre et arrivaient au Luxembourg. Les besoins étaient énormes. Nous avons au fur et à mesure étoffé notre réponse sociale. Des services comme Form’actif, Educ’Actif, le service Logement ont vu le jour et de plus en plus de foyers ont été pris en gestion. Je passe les autres activités, projets et services encore !

Je n’ai ainsi pas vu les années passer. Mon travail me permettait de répondre à de réelles détresses humaines. C’était très motivant.  

Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Mes plus beaux souvenirs sont des souvenirs d’équipe. Toutes mes réussites professionnelles sont des réussites en équipe. C’est ensemble que nous avons trouvé les solutions et les financements pour les mettre en œuvre. J’ai pu travailler dans une bonne ambiance avec des collègues engagés sur qui j’ai toujours pu compter et qui pour beaucoup sont devenus des amis.

Et les souvenirs les plus difficiles ?

Il y a eu certes des moments difficiles. Mais, en fin de compte, ces moments difficiles m’ont aussi permis d’entrevoir de nouveaux horizons et de déboucher sur quelque chose de nouveau, de positif. Du coup, le côté difficile, on l’oublie rapidement.

Quelle est ta plus grande satisfaction ?

C’est de voir la réussite des personnes que j’ai eu l’occasion d’accompagner lorsqu’elles sont arrivées au Luxembourg et qui aujourd’hui font partie intégrante de notre société. Je suis content d’avoir pu faire un bout de chemin avec elles. Certaines et certains sont aussi devenus des amis. Continuer à les rencontrer, côtoyer la famille qu’ils ont à leur tour fondée, demeure une source de joie pour moi.

Y a-t-il des regrets ?

Non, je n’ai pas de regret si ce n’est celui que l’on peut tous avoir en fin de carrière, l’idée que l’on aurait certainement pu faire encore mieux et plus.

Quel est le message que tu souhaites transmettre aux jeunes qui commencent dans le métier ?

S’ils ne se sont pas trompés de métier, ils prendront certainement leur pied. Il y a plein de choses à faire, de projets à monter, de défis à relever. Les personnes en difficulté ont besoin des compétences professionnelles que possède en principe le personnel du secteur social. On n’a pas le droit de les décevoir.

Et à tes anciens collègues ?

Il ne faut jamais oublier que les gens viennent à Caritas avec un espoir, une attente. Même si le monde autour de nous tend vers plus de bureaucratie et de chiffres, placer les aspects humains comme la priorité dans nos préoccupations et notre travail ne doit pas être une utopie, mais une réalité qui s’applique et nous dirige. Et ne jamais oublier nos valeurs. Sinon, nous trahissons ceux qui se remettent à nous.

Quels sont tes projets personnels pour ta retraite ?

Dans une société qui a tendance à se désocialiser, mon objectif est de travailler à développer les liens humains. Ne pas voir l’autre comme un étranger. Je veux prendre du temps pour les autres, pour les rencontrer et les écouter, ici et dans les projets que je continue à mener au sein des Balkans. J’ai également accepté un poste d’administrateur dans une ONG qui m’a sollicité. Enfin, je vais aussi consacrer du temps pour ma culture, mes loisirs, mes voyages et pour revoir ainsi de nombreux amis dispersés dans d’autres pays.

La gouvernance, la direction et les collaborateurs/trices de Caritas Luxembourg tiennent à le remercier vivement. En 25 ans, il a contribué à la mise en place de nombreux services d’aide pour les réfugiés et mené de nombreuses batailles pour eux et avec eux.

Caritas Luxembourg lui souhaite le meilleur pour la prochaine étape de vie.

 

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