Jeudi 10 décembre 2020
Amélie Zeimet est psychologue dans trois foyers pour réfugiés de Caritas Luxembourg. En congé parental lors du confinement de ce printemps, à son retour, les réfugiés sont marqués.
Ce qui m’a frappé à mon retour c’est que les personnes que j’ai quittées un an plus tôt n’ont fait que peu de progrès. Généralement, en un an, les résidents que nous accompagnons font d’importants progrès dans l’apprentissage de la langue, dans leur projet de vie et dans leur intégration dans notre société. Or, le COVID-19 s’est imposé comme un « temps mort » pour les réfugiés. Pour certains ce temps perdu est source de frustration et peut se transformer en anxiété ou dépression.
J’essaie de les faire parler et de les stabiliser. Certains se sentent un peu apaisés après avoir dit ce qu’ils ont sur le cœur.
Cependant, les traumatismes vécus, les deuils subis et les situations politiques dans leur pays d’origine ne sont pas des éléments favorables à un dialogue et la plupart des personnes que je rencontre ne parlent pas beaucoup pendant le premier rendez-vous. De plus, une grande partie des réfugiés ne connaît pas le métier de psychologue et dans leur imaginaire, seuls les personnes « folles » consultent.
Les équipes socio-éducatives des différents foyers ont un rôle majeur dans la prise en charge psychologique des résidents, car elles font un important travail de psychoeducation pour déstigmatiser la psychologie et la psychologue. Elles sont en contact quotidien avec leurs résidents et détectent en premier les personnes vulnérables, puis elles les redirigent vers moi. Je travaille alors sur le lien thérapeutique, la confiance, la stabilisation et les rassure quant à la confidentialité de ce qui sera partagé dans nos discussions.
En général, dans les foyers, mon travail de psychologue se limite à la stabilisation des résidents. Cela se fait en les écoutant et en partageant des techniques de stabilisation et de détente. Je ne procède que très rarement à la confrontation des traumas et à l’intégration des événements traumatiques. Pour cela, il faudrait que les personnes soient en situation de sécurité, autant au niveau de leur procédure que de leur avenir professionnel mais aussi par rapport à leur logement et leur intégration. Ceci est rarement le cas lorsque les personnes sont dans nos foyers.
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