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Laurence Lorang - « Encore mieux que ce que je m’imaginais »

Mercredi 17 mars 2021

Laurence Lorang travaille depuis près de 30 ans chez Caritas Accueil & Solidarité en tant qu’assistante sociale, en contact direct avec les personnes sans-abri. Un travail qu’elle apprécie aujourd’hui encore plus qu’au premier jour.

Comment êtes-vous devenue assistante sociale ?

C’est ma mère qui était elle aussi assistante sociale qui m’a donné l’envie de faire ce métier. Je voyais comment elle travaillait, la passion qu’elle y mettait et cela me plaisait. Plus tard, je l’accompagnais durant mes congés scolaires à des activités proposées aux clients dont elle s’occupait. La dernière année de lycée, il était pour moi clair que j’allais choisir ce métier.

Comment êtes-vous arrivée à travailler avec des personnes sans-abri ?

C’est par hasard. Je devais faire un stage de fin d’études d’un an et j’ai eu l’opportunité de le faire au Centre Ulysse. Six mois avant la fin de mon stage, un poste est devenu vacant. Le poste n’intéressait personne. Il faut dire qu’à l’époque les assistants sociaux ne se bousculaient pas pour venir travailler au Centre Ulysse. Le poste est resté ainsi vacant pendant de nombreux mois comme s’il n’attendait que moi. Lorsque j’ai eu mon diplôme, j’ai donc postulé. Travailler avec des personnes sans-abri était devenu pour moi entretemps une évidence. Je n’ai jamais voulu travailler avec des enfants, par exemple. Il a toujours été important pour moi d’avoir en face des personnes adultes, qui peuvent prendre leurs propres décisions. Je n’ai jamais regretté mon choix. Au contraire, trente ans plus tard, je me dis que c’était encore mieux que ce que je m’imaginais au départ. Vous savez, notre « clientèle », les personnes marginalisées qui sont dans la rue, sont extrêmement reconnaissants de l’aide que vous leur apportez. J’accompagne certaines personnes depuis des décennies, dans leurs difficultés, mais aussi lorsqu’elles vont mieux. La plupart d’entre elles n’ont plus aucun contact avec leur famille et n’ont plus que nous dans leur vie pour les écouter et demander des conseils. Nous sommes devenus pour beaucoup d’entre eux comme des membres de leur famille et restons en contact même si elles vont mieux.

Quelles sont les qualités qu’il faut avoir pour travailler dans ce milieu ?

Il faut avoir un contact respectueux avec les personnes marginalisées et savoir garder une attitude professionnelle. Je dis toujours qu’il faut être proche, mais pas copain. Il faut éviter de faire à la place de la personne. Au contraire, il faut l’encourager à agir elle-même.

Est-ce qu’il y a des moments qui vous marquent particulièrement, en positif et en négatif ?

En positif, il m’arrive fréquemment de rendre visite à des clients hospitalisés. N’ayant généralement pas d’autres contacts sociaux, ils s’en réjouissent énormément et je peux voir la joie dans leurs yeux. 

Ce qui est plus difficile, par contre, c’est d’accompagner les personnes en fin de vie. Il est  important d’être là pour elles jusqu’à la fin, surtout si elles n’ont plus de contacts avec leur entourage.

Aujourd’hui, vous travaillez au service « Logements » de Caritas Accueil & Solidarité en tant que responsable adjointe. Quel est la mission du service?

Nous accueillons dans nos logements prioritairement des personnes qui viennent de la structure d’hébergement d’urgence qu’est le Centre Ulysse. Nous travaillons suivant les principes du « Housing first », à savoir que le logement est une condition préalable à l’insertion sociale des personnes sans-abri. Le service dispose ainsi de logements individuels répartis dans tout le pays, ainsi que des logements en communauté, comme le Centre de l’Oseraie à Kopstal. 

Arrivées chez nous, nous les laissons tout d’abord s’établir et leur accordons un temps de repos bien mérité. Ensuite, avec notre aide, elles définissent le projet individuel qui leur permettra petit à petit de se réinsérer dans la société comme elles le souhaitent. 

D’après la méthodologie de travail de l’approche centrée sur la personne, nous les aidons à réaliser leur projet, selon leur rythme, leurs compétences et leurs souhaits, tout en veillant à ce qu’elles acquièrent le plus d’autonomie possible. Nous évitons de faire à leur place. Ce que nous faisons, par contre, c’est de mobiliser les acteurs du réseau social qui peuvent les aider dans les différents volets de leur projet. L’avancement du projet est évalué régulièrement avec le case manager qui suit la personne et s’il y a besoin, le projet est réajusté. Ici au service « Logements », il n’y a aucune contrainte de temps. L’important est que la personne avance à son rythme.

Si vous pouviez exprimer un souhait, ce serait lequel ?

Ce serait bien sûr que chaque personne puisse avoir un logement individuel. Nous avons au service « Logements » de nombreuses idées que nous espérons voir réaliser très bientôt. Par ailleurs, en tant que responsable adjointe, j’essaie aujourd’hui de transmettre le savoir-faire que j’ai acquis ces 30 dernières années aux jeunes qui nous rejoignent. J’espère qu’il y aura de plus en plus de jeunes qui choisissent ce métier et surtout qui décident de travailler avec les personnes les plus marginalisées de notre société. 

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