Tuesday 26 March 2019
Dernièrement, pour la Journée mondiale du Bonheur, a eu lieu dans les locaux de Caritas Luxembourg un déjeuner débat très intéressant sur le bonheur des habitants d’un pays et son interaction avec le développement économique et social du pays. L’événement était organisé par Plaidons Responsable de Caritas Luxembourg et l’Université du Luxembourg.
Le Dr Isabel Sebastian, research associate à l’Université du Luxembourg, a montré, à travers l’exemple du Bhutan, connu pour l'idée de Bonheur National Brut comme mesure du progrès, qu’il existait de nombreuses interprétations du bonheur, non seulement d’un pays à un autre, mais aussi d’une personne à l’autre. Depuis la célèbre phrase prononcée il y a plus de 20 ans par le roi de l’époque « Gross National Happiness is more important than Gross National Product » pour mesurer les progrès d’un pays, le Bhutan a fait du bonheur le principal indicateur de son développement, orientant l’ensemble de ses décisions politiques. Au Bhutan, le bonheur est fortement lié à la notion bouddhiste d’interconnexion avec la nature et avec tous les autres êtres vivants, alors que celle que nous avons dans nos pays occidentaux est plutôt liée à la satisfaction que nous avons par rapport à ce que nous avons réussi à accomplir, mais aussi par rapport aux petites choses du quotidien ainsi qu’aux opportunités qui sont ouvertes pour notre futur.
Le Dr Francesco Sarracino, chercheur au STATEC, a ensuite approfondi la conception du bonheur que nous avons au Luxembourg et essayé de montrer les différentes corrélations qui existent entre notre bonheur et le développement économique de notre pays. Il est parti du fait que beaucoup de personnes sont convaincues que plus on a d’argent plus on est heureux. Or, les statistiques montrent que la courbe de l’indicateur du bonheur n’augmente presque plus à partir d’un revenu mensuel de 8.000 euros. En même temps, l’indicateur de satisfaction par rapport à sa vie stagne au Luxembourg depuis plus de 25 ans aux alentours de 35% et ce alors que le PIB a augmenté jusqu’en 2008 d’environ 9% par an. Il n’y a donc pas de corrélation directe entre le développement économique du pays et le sentiment de bonheur de sa population, même s’il est montré que plus les gens sont contents, plus ils sont productifs et plus ils contribuent au développement économique du pays. En Chine et en Inde, par exemple, l’indicateur du bonheur est en chute libre alors que les pays connaissent un véritable boum économique. Cela montre qu’il y a d’autres facteurs qui interviennent aussi dans le bonheur comme la qualité du système social d’un pays, les relations sociales que les personnes entretiennent et les inégalités de revenus. Celles-ci se sont creusées ces 20 dernières années. En même temps, le taux de chômage a augmenté. Ces deux facteurs anéantissent l’impact positif du développement économique sur l’indicateur du bonheur. Il faudrait que l’on travaille sur l’ensemble des facteurs pour augmenter le bonheur de la population.
Les deux présentations ont suscité de nombreuses questions parmi les personnes du public. Ces dernières sont reparties avec toute une série de pistes de réflexion : Quelles conditions pour un bien-être général dans la société ? Quel rôle pour le bonheur dans la réduction de la pauvreté et des inégalités ? Quelle place pour le bien-être de la population dans les politiques ?
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