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Anne Staudt: Une maison-relais pas comme les autres

Mercredi 31 mars 2021

Anne Staudt est responsable d’une maison-relais un peu « différente » de ce que nous connaissons habituellement. Située à l’intérieur de deux foyers pour réfugiés, celui d’Ettelbruck et celui de Diekirch, et gérée par Caritas Jeunes & Familles, la maison-relais doit relever de nombreux défis et pas des moindres. Pour Anne Staudt, c’est le travail social qui prime.

Qu’est-ce qui vous différencie d’une maison-relais normale ?

Il y a plusieurs différences. La première concerne le travail qui est réalisé avec les parents. Normalement dans une maison-relais, ce travail se limite aux moments de difficulté pour l’enfant, s’il y en a. Ici, nous passons beaucoup de temps avec les parents, à leur expliquer le système scolaire, à leur traduire les documents qu’ils reçoivent, à faire l’intermédiaire avec les enseignants, à les sensibiliser aux différentes questions d’éducation, à les écouter. Il ne faut pas oublier que la plupart de ces parents viennent de cultures très différentes de la nôtre. Une grande partie n’a jamais mis les pieds dans une école. La plupart ne parle pas encore notre langue. Certains sont tellement submergés par leurs propres problèmes et souffrances, qu’ils n’arrivent pas à donner suffisamment d’attention à leurs enfants. Enfin, d’autres, les mères seules, n’ont pas une seule minute à elles. Tous ont besoin d’aide. Nous sommes donc présents toute la matinée que pour les parents. Ils savent qu’ils peuvent venir s’ils ont des questions et une fois par semaine, nous faisons aussi le tour du foyer pour informer les familles de l’avancement de leur enfant, des prochaines activités ou tout simplement pour prendre de leurs nouvelles. 

Une autre grande différence est le travail avec les enfants, surtout les premiers mois de leur arrivée au foyer. Une grande partie des enfants n’est encore jamais allée à l’école et ne sait même pas comment tenir un crayon dans la main. On remarque aussi que la plupart des enfants qui arrivent au foyer ne savent pas jouer. Ils n’ont jamais eu de jouets et ne savent pas quoi en faire. Or, le jeu est essentiel pour que les enfants puissent se construire. Enfin, nous remarquons aussi que beaucoup d’enfants à cause de la situation difficile dans leur pays et des mois d’errance avant d’arriver au Luxembourg ne sont pas habitués à suivre des règles et à avoir des limites. C’est sur tout cela que nous travaillons avec eux. Bien sûr, nous les aidons aussi à s’intégrer dans leur école, à faire leurs devoirs, leur proposons des activités pour sortir du foyer et s’aérer, nous les mettrons en contact avec des clubs sportifs, etc.

Si les premières semaines, parents et enfants sont quelques fois sceptiques, ils sont ensuite très contents. Nous sommes devenus des personnes de référence pour beaucoup de parents et d’enfants.

Comment s’est passé le home schooling pendant le confinement ?

C’était très difficile, surtout au début car nous avions en plus de nombreux enfants arrivés récemment. Nous avons dû faire des groupes qui se relayaient faute de place et de personnel pour les encadrer tous en même temps. Il y a quand-même entre Diekirch et Ettelbruck une soixantaine d’enfants et une cinquantaine des jeunes à suivre, leurs familles ne pouvant pas toujours les aider dans leurs devoirs. Heureusement que le personnel enseignant avec lequel nous avons de bons contacts a été très compréhensif. Les familles ont également reçu des tablettes grâce à la générosité de nombreux donateurs. Les enfants et les jeunes les ont utilisées tous les jours pour leur home schooling. Nous avons fait de notre mieux. 

Qu’est-ce qui vous plait dans ce que vous faites ?

C’est la variété. Aucun jour ne se ressemble. Chaque jour est différent et j’aime cela. On ne sait jamais comment se passera la journée et j’apprends aussi beaucoup des parents et des enfants. Une autre chose que j’apprécie beaucoup c’est la liberté d’action que nous avons. Cela nous permet de réagir rapidement à des demandes, par exemple, pour les jeunes qui sont nombreux à venir demander des conseils individuels. Enfin, c’est de voir qu’aussi bien les enfants que leurs parents progressent et deviennent de plus en plus autonomes. C’est l’objectif !  Nous ne devons pas oublier qu’un jour les familles quitteront le foyer pour un logement individuel et qu’à ce moment-là elles doivent être prêtes. 

Qu’est-ce qui vous plait le moins ?

C’est certainement les matins où les autorités viennent chercher les familles déboutées du droit d’asile. Les enfants sont emmenés sans qu’on ait pu les préparer et sans qu’ils aient pu dire au revoir à leurs amis. C’est difficile. Nous, aussi, qui sommes des adultes, nous ne sommes pas préparés à ces situations dramatiques. Pour me réconforter, je me dis que quel que soit l’endroit où ils vont pouvoir continuer leur vie, ils emmèneront avec eux tout ce que nous avons pu leur montrer et enseigner en ces mois et années passés ensemble. Ce bagage leur sera utile, c’est sûr ! Heureusement, ces situations sont rares. En général, nous voyons nos enfants et nos jeunes grandir et progresser comme tous les enfants du Luxembourg.

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